Table des matières
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*L'autoolouange
du Professeur Joyeux
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l'absence de travaux
scientifiques en nutrition de l'homme sain
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le bide de son étude
ABARAC
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mensonges par
omission
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*
florilège
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les curieuses
relations du Professeur
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Qui est Henri Joyeux
?
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Les vérités alimentaires établies
Connaissances
actuelles sur le "BIO"
Le rapport 2003 de l'AFSSA
"Evaluation des
risques et bénéfices nutritionnels et sanitaires des aliments issus de
l’agriculture biologique, 2003"
http://www.afssa.fr/ftp/afssa/basedoc/rapportagribio290703.pdf
Aliments biologiques et santé
Il n'y pas de preuves pour affirmer que les qualités nutritionnelles et
organoleptiques des produits biologiques soient supérieures à celles des
produits de l'agriculture classique, bien que, fréquemment, la densité
nutritionnelle des produits bio soit un peu plus élevée, car ceux-ci sont moins
riches en eau. Une étude faite sur 3 ans monte que 2% seulement des productions
de l'agriculture biologique se révèlent positives lors de recherches de résidus
de produits de traitement. Il y a donc moins de nitrates et de pesticides dans
les produits biologiques, mais avec comme prix à payer le développement des
mycotoxines et de moisissures.
Pascale Jeambrun - Le Concours Médical - 5 octobre 2003
Les produits bio sont-ils meilleurs d'un point de vue
nutritionnel ou sanitaire ? C'est à cette vaste question, jusqu'ici sans
réponse, qu'ont tenté de répondre les experts de l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments (Afssa). Au terme de dix-huit mois de travail, après
avoir consulté tous azimuts et compilé des dizaines d'études, ils en arrivent à
une conclusion mitigée. Du point de vue nutritionnel, «les nombreux facteurs de
variation intervenant dans la composition chimique et la valeur nutritionnelle
des aliments (variété/race, saison, climat, stade de maturité ou de
développement, stockage, conduite d'élevage...) sont souvent plus importants que
l'impact des facteurs liés strictement au mode d'agriculture.» Plus précisément,
concernant les vitamines, peu de données sont disponibles et, concernant les
minéraux et oligoéléments, «les nombreuses études comparatives s'accordent, pour
leur très grande majorité, sur l'absence de différences significatives». Sur le
plan sanitaire, le rapport souligne la moindre teneur en nitrates et la
quasi-absence de résidus de pesticides chimiques dans les produits bio (oubliant
les cas de fraudes, longtemps fréquents parmi les produits céréaliers, QC
n°383), mais demande que certains pesticides d'origine naturelle soient l'objet
d'une évaluation toxicologique. Même chose pour les médicaments à base de
plantes dont l'innocuité n'est pas toujours certaine. Enfin, d'autres polluants
de l'environnement, comme les métaux lourds ou les dioxines, peuvent être
présents quel que soit le type d'agriculture. En revanche, les mycotoxines
(toxines cancérigènes issues de moisissures) soupçonnées par certains d'être
plus souvent présentes dans les aliments bio puisqu'elles n'y sont pas contrées
par des produits de traitement, sont en réalité aussi fréquemment retrouvées en
conventionnel. À noter que, l'Afssa n'ayant compétence que sur les produits
alimentaires, «les effets favorables sur la contamination de l'environnement que
peut apporter l'agriculture biologique n'ont pas été étudiés.»
Que Choisir- 7/05/03
Autre source :
http://charlatans.free.fr/bio.html
CONNAISSANCES
ACTUELLES SUR LES FACTEURS NUTRITIONNELS IMPLIQUÉS DANS LE DÉTERMINISME DES
MALADIES CHRONIQUES
sources :
Rapport " Pour une politique nutritionnelle de santé publique en France "
http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/nutri2000/nutri04.htm#41
Depuis le début des années
1970, de très nombreux travaux issus de la recherche fondamentale, clinique et
épidémiologique ont cherché à identifier et à préciser le rôle de certains
facteurs nutritionnels susceptibles d’intervenir en tant que facteurs de
risque, ou au contraire de protection, vis-à-vis du développement de maladies
chroniques ou sur la qualité de la santé.
Ces recherches qui confrontent
des données issues de travaux sur modèles cellulaires, sur organes, sur
animaux, chez l’homme sain et le malade et au niveau de populations ont mis en
évidence, avec des degrés de certitude différents, le rôle de facteurs
nutritionnels (excès ou insuffisance) dans le déterminisme de nombreuses
maladies. Si dans de nombreux cas, les arguments disponibles ne permettent pas
(encore) d’affirmer la réalité du lien entre le facteur nutritionnel suspecté
et certaines maladies, dans d’autres cas au contraire, la convergence des
arguments est telle qu’elle fait l’objet d’un consensus.
L’épidémiologie nutritionnelle
Au cours des dernières années, un intérêt tout particulier a été porté
à l’étude des relations entre l’alimentation et la santé. Dans ce domaine,
l’approche épidémiologique vient compléter les approches cliniques et
expérimentales, à finalité plus mécanistique. Cependant selon le type
d’étude utilisée, les informations obtenues vont de la simple présomption
jusqu'à la certitude en ce qui concerne l'existence d'un lien de causalité
entre ces facteurs nutritionnels et les pathologies incriminées.
La
corrélation entre la fréquence d'une pathologie dans diverses populations
et les apport alimentaires de ces populations (études écologiques)
correspond généralement à la première étape de la recherche, celle de la
suggestion d'une relation. En effet, les populations ainsi comparées
(souvent définies sur une base géographique) diffèrent a priori sur bien
d'autres facteurs que le facteur alimentaire étudié : la relation ainsi
établie " au niveau des groupes " ne constitue qu'une présomption quant à
l'existence d'une relation concernant les individus eux-mêmes.
La
comparaison de la consommation alimentaire de sujets malades et non
malades issus d'une même population permet d'établir l'existence d'une
relation individuelle entre le facteur et la maladie. Classiquement on
distingue les études cas-témoins et les études prospectives.
Ces dernières présentent l'avantage de pouvoir mesurer le facteur (apport
alimentaire ou statut biochimique) avant que la maladie ne soit déclarée,
permettant ainsi d'éviter un biais possible dans la comparaison. Mais la
mise en évidence d'une relation individuelle entre un facteur nutritionnel
et une maladie, si même elle est retrouvée, ne signifie pas l'existence
d'une relation causale entre le facteur alimentaire et la maladie.
Les
essais de prévention représentent l'étape ultime de la démarche
épidémiologique : l'hypothèse " forte " d'une relation individuelle entre
un facteur alimentaire et l'apparition d'une maladie doit conduire à
l'élaboration d'une expérimentation sur une vaste échelle visant à montrer
que la modification de ce facteur alimentaire entraîne une diminution de
la fréquence de la maladie. Une réponse claire à cette question est un
progrès essentiel puisqu'elle permet d'attribuer un sens causal à la
relation et de choisir une éventuelle politique de santé publique, et ce
même si les mécanismes intimes au niveau cellulaire ou moléculaire du lien
mis en évidence sur le plan épidémiologique ne sont pas clairement
démontrés. |
4.1. Cancer et
nutrition
Le cancer est une maladie
chronique dont l’étiologie est mal connue, mais dont on admet communément
qu’elle est multifactorielle et multiphasique (Harris, 1991 ; Vaino et al.,
1992 ; Barrett, 1993). De nombreux facteurs génétiques, hormonaux,
environnementaux, peuvent concourir au développement du cancer et agir à
différentes phases de la cancérogenèse. Les études épidémiologiques et
expérimentales en laboratoire sur la nutrition et le cancer ont fourni de
solides évidences sur le rôle potentiel de l’alimentation, ainsi que d’autres
facteurs associés comme le poids corporel et l’activité physique, sur le
développement de différents types de cancers. La recherche épidémiologique et
les travaux expérimentaux dans ce domaine se sont développés dans les années
soixante-dix avec le principal objectif d’identifier les aliments ou
composants des aliments qui pourraient avoir un effet cancérogène. Cette
approche était largement inspirée par la vision qui prédominait à l’époque
que, seuls, les cancérogènes physiques ou chimiques pouvaient jouer un rôle
fondamental dans la cancérogenèse humaine. Dans leurs formes les plus simples,
ces modèles de cancérogenèse chimique ou physique requièrent la présence d’au
moins un initiateur qui induit des mutations irréversibles de l’ADN et,
éventuellement, d’un promoteur qui donne aux clones des cellules mutées un
avantage sélectif pour se développer. Dans le cadre de ces modèles à la fois
traditionnels, simples, et maintenant dépassés, les effets métaboliques
potentiels de l’alimentation étaient donc considérés d’une importance
secondaire et marginale.
A la fin des années soixante,
la multiplication des registres du cancer recueillant des informations sur la
population générale, et non plus exclusivement sur des personnes
hospitalisées, a permis d’obtenir, pour la première fois, des données fiables
sur l’incidence de cancers spécifiques sur l’ensemble de la population. Ces
résultats ont permis de confirmer l’extrême variation d’incidence de
différents cancers à travers le monde, comme les cancers du poumon, du foie et
de la vessie, et de montrer que les variations d’incidence de certaines
localisations (ex. poumon, voies aérodigestives supérieures, foie, estomac)
pouvaient être expliquées par des variations similaires de facteurs
d’exposition comme le tabac, l’alcool ou le virus de l’hépatite B. Mais les
données des registres du cancer ont également mis en évidence de larges
variations d’incidence de cancers, tels que les cancers du sein, de la
prostate, de l’endomètre et du colorectum, dont les liens avec les facteurs
d’exposition physique, chimique ou biologique connus jusqu’alors n’avaient
jamais été identifiés. Ces observations ont permis de reformuler des
hypothèses et de considérer que l’apparition de certains cancers pouvait être
déterminée par d’autres facteurs comme l’alimentation, l’état nutritionnel ou
des facteurs métaboliques ou hormonaux.
Au cours de ces vingt dernières
années, un nombre considérable d’études rétrospectives de type cas-témoin, et
plus récemment de larges études de cohorte, ont été menées avec l’objectif
d’identifier les facteurs de risque alimentaires possiblement associés au
cancer. Les résultats de ces études épidémiologiques et d’un large nombre
d’études expérimentales sur la nutrition et le cancer ont été revus ces
dernières années par trois comités d’experts indépendants qui ont réalisé une
analyse critique et un important travail de synthèse:
-
En France, la commission
"Prévention des cancers par l’alimentation" du "Centre national d’études et
de recommandations sur la nutrition et l’alimentation" (CNERCA) (Riboli et
al., 1996)
-
Au niveau international, le
"World cancer research fund/American Institute for cancer research (WCRF/AICR,
1997)
-
En Angleterre, le "Committee
on medical aspects of food and nutrition policy" (COMA) (COMA, 1998)
Les analyses de ces trois
commissions sur les relations entre l’alimentation et le cancer sont tout à
fait concordantes. Ce chapitre en présente les principales conclusions.
4.1.1. Les
évidences épidémiologiques
4.1.1.1. Fruits et légumes
et cancer
L’une des principales évidences
actuelles sur la relation entre l’alimentation et le cancer, largement
reconnue par tous les comités d’experts, est l’effet protecteur des fruits et
des légumes sur la plupart des cancers, en particulier ceux des voies
aérodigestives supérieures (cavité buccale, larynx, pharynx, œsophage), de
l’estomac, du poumon et du côlon et rectum. Au cours de ces 30 dernières
années, plus de 250 études de type cas-témoin, cohorte ou écologique ont été
menées à travers le monde pour étudier la relation entre la consommation de
fruits et/ou légumes et le cancer. Dans près de 80% d’entre elles, on a pu
mettre en évidence un effet protecteur d’un ou plusieurs groupes de fruits ou
légumes (WCRF/AICR, 1997). Pour la plupart des sites de cancers, les sujets
dont les apports en fruits et légumes sont les plus faibles (premier quartile
dans la distribution des consommations) ont un risque de cancer de 1,5 à 2
fois plus élevé que les sujets ayant les niveaux d'apports initiaux les plus
élevés. Dans certains cas, on a également pu observer un rôle plus spécifique
de certains fruits ou légumes. Par exemple pour le cancer de l’estomac on a
mis en évidence, en plus de l’effet globalement protecteur des fruits et
légumes, un effet plus spécifiquement attribuable aux agrumes. Pour les
cancers de la bouche et du pharynx, l’effet protecteur est plus directement
associé à une consommation élevée d’agrumes et légumes verts.
Le groupe des fruits et des
légumes n’est pas une source énergétique importante de l’alimentation (moins
de 5 %), mais il constitue l’une des principales sources en fibres, vitamines,
minéraux et autres composants biologiquement actifs. L’effet protecteur des
fruits et des légumes pourrait s’expliquer ainsi par l’action de plusieurs de
ces composants alimentaires dont les activités biologiques individuelles ou
synergiques, démontrées sur des modèles expérimentaux cellulaires ou animaux,
auraient un effet inhibiteur sur le développement du cancer. Plusieurs
hypothèses actuelles sur le mode d’action des facteurs alimentaires tels que
les vitamines et minéraux (notamment ceux ayant une activité antioxydante),
particulièrement riches dans les fruits et les légumes, suggèrent différents
mécanismes d’action possibles (Decloître et al., 1996b). Certains de ces
minéraux, vitamines et microconstituants interviendraient dans la régulation
de systèmes enzymatiques de métabolisation (neutralisation et élimination) des
composés cancérogènes. D’autres, comme la vitamine C et les caroténoïdes (et
la vitamine E) par exemple, interviendraient plus directement sur la
protection de la molécule d’ADN, en prévenant l’action pro-oxydante des
radicaux libres. Certains composés des fruits et des légumes favoriseraient et
restaureraient les transmissions des signaux intercellulaires, altérées lors
du développement tumoral par l’activation d’oncogènes et/ou l’inactivation des
gènes suppresseurs de tumeurs, et dans la régulation des mécanismes de
prolifération et différenciation cellulaire (vitamines, calcium). Dans l’état
actuel des connaissances, il n’y a pas de certitudes sur les mécanismes de
protection ou d’initiation/promotion impliqués dans le développement tumoral,
et sur les composants alimentaires spécifiques qui seraient concernés. Ceci
explique la prudence des recommandations préventives actuelles qui restent
globales sur la consommation de " fruits/légumes ", sans donner de
recommandations sur des composants alimentaires spécifiques.
4.1.1.2. Sel et aliments
conservés par salaison et cancer
Historiquement, les premiers composants de l’alimentation à avoir été
soupçonnés d’être des facteurs de risque possibles du cancer de l’estomac sont
les aliments conservés par salaison et fumés. La plupart des études menées
jusqu’à présent ont montré qu’une consommation de poisson, viandes et de
légumes conservés par salaison était associée à une augmentation du risque de
développer un cancer de l’estomac, de l’ordre de 1,5 à près de 3 fois plus
élevé selon le niveau de consommation et le type d’aliment (Riboli, 1996).
Dans les études où le rôle spécifique du sel de table a été étudié, le sel a
également été reconnu comme un facteur de risque du cancer de l’estomac,
conjointement ou indépendamment de la consommation d’aliments salés. On a pu
estimer que le risque de cancer de l’estomac était accru d’un facteur compris
entre 1,5 et 6,7 pour les sujets ayant les niveaux de consommation de sel les
plus élevés par rapport à ceux ayant les niveaux les plus bas. D’autres études
par contre, n’ont pas trouvé d’association statistiquement significative avec
la consommation de sel.
4.1.1.3. Viandes, poissons
et cancer
Sept études de cohorte et vingt-six études cas-témoin ont étudié la
relation entre la consommation de viandes et le cancer colorectal. Les études
de cohorte ont montré soit une augmentation de risque soit aucune association.
Deux tiers des études cas-témoin ont décrit une augmentation de risque
associée à la consommation de viande, en particulier de viandes rouges (WCRF/AICR,
1997). Le risque observé reste cependant relativement faible ou modéré. Sur
seize études, huit reportent un risque relatif supérieur à 1,5 ou
statistiquement différent de 1 ; pour les huit autres, le risque se situe
entre 0,75 et 1,5. Aucune des études considérées n’a rapporté de risque
relatif inférieur à 0,75 ou statistiquement inférieur à 1 (c’est-à-dire
montrant un effet protecteur des viandes). Ces résultats sont cependant encore
sujet à controverse. En effet, il est difficile d’identifier les facteurs
étiologiques spécifiquement en cause chez des individus dont l’alimentation
est caractérisée à la fois par une consommation élevée en viandes et graisses,
et où d’autres facteurs de risque associés (telles que les méthodes de cuisson
et de conservation des viandes) sont également mis en cause dans l’apparition
du cancer colorectal. Dans les études qui ont pu comparer l’effet spécifique
des différents types de viande, il a été montré que les charcuteries seraient
également associées à une augmentation de risque du cancer colorectal et de
l’estomac, alors que la consommation de volailles n’est pas associée au cancer
colorectal (WCRF/AICR, 1997). Ces résultats ne sont pas encore totalement
concluants et doivent être confirmés par un nombre élargi d’études
épidémiologiques plus spécifiquement dédiées à ces hypothèses.
On ne trouve pas d’augmentation
de risque des cancers colorectaux associée à une consommation élevée de
poisson. Trois études de cohorte et huit études cas-témoin n’ont trouvé aucune
association entre le risque de cancer colorectal et la consommation de poisson
(WCRF/AICR, 1997). Trois études cas-témoin ont trouvé une diminution de risque
associée à une consommation élevée de poisson. Peu d’études ont étudié
l’association entre la consommation de poisson (huiles de poisson) et le
cancer du sein, mais les résultats obtenus jusqu’à présent ne montrent pas
d’effet ou un effet faiblement protecteur.
La cuisson d’aliments à des
températures très élevées (barbecue, grillade, friture), en particulier en
contact direct avec la flamme, conduit à la formation en surface de composés
chimiques (hydrocarbures aromatiques polycycliques, amines hétérocycliques)
dont certains ont montré des propriétés mutagènes et cancérigènes sur des
animaux de laboratoire (CIRC-OMS, 1973). Bien que leur concentration dans les
aliments varie en fonction des habitudes culinaires et qu’elle soit
relativement faible quantitativement, les amines hétérocycliques figurent
parmi les substances les plus mutagènes identifiées jusqu’à présent. Plusieurs
études épidémiologiques indiquent une association positive entre les méthodes
de cuisson à haute température, en particulier des viandes et poissons, et les
cancers de l’estomac, du côlon et du rectum (Gerhardsson de Verdier et al.,
1991 ; Schiffman et Felton, 1990; Pobst-Hensch et al., 1997). Ces résultats
restent cependant controversés, en particulier pour ce qui concerne
l’association entre la consommation de fritures et le cancer de l’estomac (WCRF/AICR,
1997, Willett et al., 1990). Les résultats de neuf études épidémiologiques sur
la relation entre le cancer de l’estomac et la fréquence de consommation de
viandes, poissons et autres aliments frits sont inconsistants.
4.1.1.4. Acide folique et
cancer
Les folates (vitamine B9) interviennent dans la synthèse des bases
puriques et pyrimidiques, composants structurels de l’ADN et de l’ARN, et
participent de façon générale à la fois à la synthèse, la réparation, et la
régulation de l’expression de l’ADN.
Il existe un intérêt croissant
quant au rôle potentiellement protecteur de l’acide folique (présents en
grande quantité dans les végétaux verts, en particulier les épinards et la
salade, le foie, les fromages à pâte fermentée,…) sur certains cancers.
Plusieurs études épidémiologiques ont pu montrer que des apports alimentaires
(Benito et al., 1993 ; Giovannucci et al., 1995 ; Glynn et al., 1996) ou des
teneurs plasmatiques élevées en acide folique (Bird et al., 1995 ; Paspatis et
al., 1995) étaient associés à une diminution du risque de cancer et de polypes
adénomateux du colorectum. De plus, on a récemment montré que des taux élevés
d’homocystéine dans le sang, accumulation résultant d’un déficit d’apports
alimentaires en folates (Chen et al., 1996 ; Ma et al., 1997), étaient
associés à une augmentation du risque du cancer colorectal. On a également mis
en évidence, dans le cadre d’une large étude prospective, que des taux
plasmatique bas en folates étaient associés à une augmentation de risque du
cancer colorectal chez des sujets présentant une mutation homozygote d’un gène
codant pour une enzyme (5, 10 methylenetetrahydrofolate, ou MTHFR) essentielle
dans le métabolisme des folates. Cette observation a été confirmée par une
autre étude qui a pu mettre en évidence une augmentation de risque du cancer
colorectal chez des sujets porteurs d’un polymorphisme codant pour une autre
enzyme (methionine synthetase) également impliquée dans le métabolisme folates/methionine/homocyst(e)ine
(Ma et al., 1999). Les évidences qui supportent un rôle des folates dans
l’étiologie du cancer colorectal sont encore limitées mais très prometteuses
et il est probable que les folates soient également impliqués dans l’étiologie
d’autres sites de cancers (Mason, 1995).
4.1.1.5. Vitamines
antioxydantes et cancers
L'hypothèse d'une relation entre le niveau d'apports en vitamines
antioxydantes et le risque ou la protection vis-à-vis des cancers repose sur
des arguments mécanistiques et épidémiologiques (Galan et al., 1997 ; Hercberg
et al., 1998). En effet au cours des dernières années, différents travaux ont
suggéré le rôle des dérivés activés de l'oxygène (les radicaux libres) dans de
nombreux processus pathologiques, notamment la cancérogenèse, et l'effet
préventif éventuel de composés antioxydants tels que le bêta-carotène, la
vitamine C, la vitamine E (mais également des oligoéléments antioxydants comme
le sélénium et le zinc).
Radicaux libres et
antioxydants
Les effets négatifs des
radicaux libres sont liés au fait qu'ils contiennent des atomes avec un
(ou plusieurs) électrons libres non appariés (des électrons dits
" célibataires "). Par ce fait, ils sont particulièrement instables et ont
tendance à chercher à se stabiliser en s’appariant avec un électron
appartenant à une autre molécule. Ceci a donc comme conséquence de
déstabiliser une molécule voisine, et d’entraîner une réaction en chaîne
aboutissant à des destructions au niveau cellulaire. La production de
radicaux libres est responsable d'attaques au niveau de structures cibles
essentielles comme l'ADN et les membranes cellulaires. Elle peut aboutir à
des destructions de l'architecture membranaire. Ces atteintes cellulaires
sont aujourd'hui impliquées dans le développement de la cancérogenèse.
Les micronutriments ayant une activité antioxydante sont donc susceptibles
d'intervenir dans les mécanismes de protection contre la production de
métabolites de l'oxygène actif: c'est le cas de certaines vitamines
(vitamines E, C et bêta-carotène) et de certains oligoéléments (zinc,
sélénium).
Des apports insuffisants en vitamines et oligoéléments antioxydants
seraient ainsi susceptibles de réduire les capacités de défense de
l'organisme contre les agressions des dérivés activés de l'oxygène qui
pourraient être impliquées dans les processus cellulaires jouant un rôle
dans le déterminisme du développement de certains cancers. |
L'évidence d'une association
entre la consommation de fruits et légumes et risque de cancer (décrite
précédemment) et le fait que ces aliments sont les principales sources
d’antioxydants majeurs ont amené un regain d’intérêt sur le rôle de la
vitamine C, des caroténoïdes et de la vitamine E.
- Les études épidémiologiques suggèrent une forte relation inverse entre le
risque de cancer et les apports alimentaires ou le niveau plasmatique de
bêta-carotène (Van Poppel et al., 1995). Quatorze études cas-témoins et 12
études prospectives ont montré que des apports alimentaires élevés en
bêta-carotène sont associés à une réduction du risque de cancer de 10 à 70 %.
Seule une étude ne retrouve pas ce lien (Knekt et al., 1988).
- Pour la plupart des sites de cancers étudiés dans une cinquantaine d'études
épidémiologiques, les sujets dont les apports en vitamine C sont les plus
faibles (premier quartile dans la distribution des consommations, c'est-à-dire
les plus petits consommateurs) ont un risque relatif de cancer de 1,5 à 2 fois
plus élevé que les sujets dont les niveaux d'apports initiaux étaient les plus
élevés (Byers et al., 1995).
- Pour la vitamine E, cette relation a été démontrée dans 3 études
d'observation pour le cancer de l'estomac, 2 pour le cancer colorectal, 2 pour
le cancer du poumon et dans 5 études pour le cancer du sein. En ce qui
concerne les études s'appuyant sur les taux sanguins de vitamine E réalisées
dans le cadre d'études prospectives, seule une faible association a été
retrouvée entre taux sanguin de vitamine E (à l'entrée dans l'étude) et le
risque de développement ultérieur d'un cancer (Block et al., 1992).
Dans une étude prospective réalisée en Finlande, le risque relatif de
développer un cancer du poumon est multiplié par 6,6 chez les hommes dont les
taux sériques d'alpha-tocophérol sont les plus faibles ; par 2,6 chez ceux
dont les taux sériques de bêta-carotène sont les plus faibles et par 1,5 pour
ceux dont les taux de sélénium sérique sont les plus faibles ; ils sont
multipliés par 12 chez les sujets ayant les taux sériques les plus bas pour
l’ensemble des 3 micronutriments (Knekt, 1992).
Au total, si les études épidémiologiques d’observation suggèrent une relation
entre le statut en micronutriments antioxydants et le risque de cancers, les
essais d’intervention donnent des résultats qui peuvent paraître
contradictoires. Si l'étude "Nutritional intervention trials in Linxian"
(Blot et al., 1993), réalisée dans une population générale de 29 000 chinois
suivis pendant 8 années, a montré un effet bénéfique de l’association à doses
nutritionnelles de bêta-carotène, vitamine E et sélénium sur la mortalité
totale (réduction de 9 %), la mortalité due aux cancers tous sites confondus
(réduction de 13 %), et la mortalité du cancer de l'estomac (réduction de 21
%), deux études d’intervention réalisées en Finlande (The ATBC Prevention
study group, 1994) et aux USA (l’étude CARET, Omenn et al., 1996) n’ont pas
retrouvé d’effet protecteur de la supplémentation. Au contraire, elles ont mis
en évidence une incidence de cancer du poumon significativement plus élevée
dans le groupe recevant des doses relativement fortes de bêta-carotène (seul
ou associé à la vitamine E ou à la vitamine A). Dernièrement, l'étude "Physician
health study" aux USA (Hennekens et al., 1996), après 12 ans de suivi, n'a pas
retrouvé sur une population de 22 000 médecins américains (parmi lesquels un
faible pourcentage de fumeurs) d'effets positifs ou négatifs de la
supplémentation à long terme avec des doses relativement fortes de
bêta-carotène.
Les apparentes contradictions dans les résultats de ces essais peuvent être
expliquées par les populations d'étude qui ne sont pas comparables (population
générale ou population à haut risque de pathologies ; sujets déficients ou
bien nourris), les différentes doses utilisées pour la supplémentation (niveau
"nutritionnel" ou doses plus fortes, de type pharmacologique), le nombre de
nutriments antioxydants testés (un, deux ou plus) et enfin le type
d'administration (antioxydant seul ou dans le cadre d'une association
équilibrée).
Différents arguments justifient aujourd’hui l'intérêt d’une combinaison de
micronutriments antioxydants synergiques et d'activité complémentaire à des
niveaux de type nutritionnel pour la prévention primaire des maladies
chroniques :
-
La plupart des études
d'observation montrant une relation entre les apports alimentaires en
antioxydants et le risque de cancers mettent en évidence un effet positif
dans le groupe des sujets ayant les apports alimentaires les plus élevés de
ces micronutriments antioxydants. Ces sujets ont un niveau élevé de
consommation de ces nutriments, mais ils restent presque toujours à un
niveau d’apport de type alimentaire et non pas pharmacologique. D'autre
part, les taux sanguins des vitamines ou des éléments-traces associés à un
moindre risque de maladies correspondent à des valeurs obtenues avec les
apports alimentaires les plus élevés, et non pas avec des suppléments
médicamenteux. Dans les essais d'intervention " négatifs " - ATBC, CARET -
la supplémentation avec des doses relativement fortes de bêta-carotène est
associée à une augmentation très marquée des taux sanguins de bêta-carotène
(les taux initiaux ont été multipliés respectivement par 18 dans l'étude
ATBC et par 12 dans l'étude CARET après quelques années de supplémentation).
Ces niveaux sont nettement plus élevés que ceux associés à un moindre risque
de pathologies tels que ceux décrits dans les études épidémiologiques
d'observation. Il est à noter que le seul essai d'intervention retrouvant
une efficacité en termes de réduction de la mortalité, et notamment de la
mortalité par cancer, est l'étude chinoise développée dans le Linxian
utilisant une combinaison d'antioxydants à des doses nutritionnelles.
-
Sur les 3 essais
d'intervention utilisant des doses relativement élevées de vitamines
antioxydantes, deux de ces études portant sur des sujets à haut risque
(grands fumeurs ou travailleurs de l'amiante), - ATBC et CARET - ont
retrouvé un taux de cancer du poumon significativement plus élevé dans les
groupes de sujets recevant des niveaux relativement élevés de bêta-carotène.
A l'inverse, l'étude "Linxian" qui testait une combinaison de bêta-carotène,
vitamine E et sélénium, à des doses de type nutritionnel, a démontré un
effet positif sur la mortalité globale et l'incidence des cancers (notamment
de l’oesophage et de l’estomac) sans retrouver d’effet négatif. Ainsi, ces
études suggèrent que les doses nutritionnelles semblent particulièrement
efficaces tout en garantissant une totale innocuité.
-
Il a été démontré
expérimentalement que des fortes doses d'antioxydants pouvaient avoir un
effet pro-oxydant, et donc avoir des conséquences antagonistes (Buttke,
1994). Par ailleurs, les radicaux libres induisent un processus
génétiquement déterminé, l'apoptose, qui est connu comme étant un processus
bénéfique qui protège contre le cancer et diverses anomalies immunitaires.
L'apoptose permet un suicide "altruiste" des cellules éventuellement
endommagées (comme les cellules cancéreuses) et aboutit à leur élimination.
Des fortes doses d'antioxydants pourraient entraîner une réduction ou une
suppression des mécanismes de l'apoptose. Ce phénomène pourrait expliquer
l'effet négatif potentiel sur l'incidence des cancers du poumon observé dans
les études ATBC et CARET, où la supplémentation consistait en des doses
relativement fortes de bêta-carotène chez des grands fumeurs. Il est
possible que les sujets qui sont, et ont été, de grands fumeurs sur une
longue période de leur vie, aient des cellules cancéreuses présentes dans
leurs poumons, dont l'autodestruction a pu être bloquée par l'apport massif
de bêta-carotène.
Ainsi, contrairement aux apports nutritionnels qui semblent avoir un effet
protecteur au niveau cellulaire, de fortes doses d'antioxydants pourraient
avoir des effets délétères sur les mécanismes de défense cellulaire,
favorisant ainsi dans diverses circonstances le développement de processus
cellulaires aboutissant à des pathologies telles que le cancer.
-
De nombreux arguments
supportent l'hypothèse d'une efficacité de la combinaison équilibrée de
plusieurs antioxydants. En effet, il existe des interrelations métaboliques
entre les différents nutriments antioxydants avec des effets complémentaires
et synergiques pour certains d'entre eux.
Il apparaît donc raisonnable de retenir comme optimal le niveau des
micronutriments antioxydants correspondant aux apports alimentaires les plus
élevés des études d'observation, tels que rencontrés chez les sujets dont
les apports en fruits et légumes sont les plus élevés.
4.1.1.6. Sélénium et cancer
Le sélénium est un oligoélément ayant une activité antioxydante. Il agit
au niveau de la glutathion péroxydase, enzyme permettant la dégradation des
radicaux libres au niveau cellulaire.
Il existe un certain nombre
d’évidences épidémiologiques qui montrent qu’une alimentation riche en
sélénium protègerait contre le cancer du poumon. Treize études de cohorte et
trois études cas-témoin ont observé la relation entre le niveau de sélénium
dans les tissus (sang, urine, cheveux ou ongles) et le cancer du poumon (WCRF/AICR,
1997). Deux études de cohorte ont trouvé un effet fortement protecteur, et la
plupart des autres une diminution de risque, confirmée également par des
études écologiques. Les résultats disponibles pour les autres sites de cancer
(estomac, foie, thyroïde, côlon et rectum, sein) sont encore limités ou peu
conclusifs (WCRF/AICR, 1997). Un certain nombre d’études expérimentales
animales ont montré que le sélénium, administré à des doses proches du niveau
de toxicité limite le développement du cancer pulmonaire et d’autres (Ip et
al., 1992 ; El-Bayoumy et al., 1993). Chez l’homme, la supplémentation en
sélénium à des doses plus physiologiques a montré, dans des études
d’intervention randomisées, des résultats prometteurs (Blot, 1997) qui
suscitent un intérêt scientifique intense et laissent entrevoir des
perspectives de chimioprévention du cancer du poumon par un supplémentation en
sélénium (Combs et Gray, 1998 ; Khuri et Lippman, 2000). Un essai de
supplémentation randomisé en double aveugle par 200 µg de sélénium, pendant
4,5 ans, chez des patients présentant des lésions pré-cancéreuses de la peau,
n’a pas démontré d’effets sur les cancers de la peau mais a retrouvé une
réduction de 42 % de l’incidence des cancers de la prostate (Clarck et al.,
1996 ; Clarck et al., 1998). Il est cependant prudent d’attendre les résultats
des études en cours et de disposer d’un nombre suffisant d’évidences
épidémiologiques et cliniques pour conclure sur le bénéfice éventuel d’une
supplémentation sur la chimioprévention d’un cancer, quel qu’il soit, et de
mieux comprendre les facteurs qui le détermineraient.
4.1.1.7. Equilibre
énergétique, hormonal et cancer
Différentes études épidémiologiques ont montré, à des degrés divers, qu’un
excès de poids corporel était associé à une augmentation de risque du cancer
de l’endomètre, du sein après ménopause et du côlon. L’observation la plus
solide notée jusqu’à présent, est l’association entre le poids corporel et le
cancer de l’endomètre dont le risque est augmenté d’un facteur de deux à trois
chez les femmes obèses comparées à des femmes de poids normal, et ceci, à la
fois avant et après la ménopause. Une explication biologique possible de cette
association est que le tissu adipeux est riche en aromatase, enzyme qui
convertit des précurseurs en œstrone, et augmente, indirectement, la
stimulation œstrogénique de la muqueuse de l’endomètre. La majorité des études
cas-témoins et des études prospectives ont trouvé qu’une augmentation du poids
corporel (estimé comme le ratio entre le poids du sujet divisé par sa taille
au carré) augmentait le cancer du sein chez des femmes post-ménopausées. Après
la ménopause, l’obésité aurait un effet stimulateur de la production
périphérique d’oestrogènes, par opposition à la cessation de l’activité
ovarienne.
On a également montré un effet
protecteur important de l’activité physique sur le cancer du côlon. Plus d’une
dizaine d’études cas-témoin et de cohorte respectivement, ont observé qu’une
pratique régulière d’activité physique était associée à une diminution du
risque de cancer du côlon. Cette réduction est de l’ordre de 60% lorsqu’on
compare des sujets ayant une activité physique importante par rapport à des
individus sédentaires. L’effet protecteur de l’activité physique est moins
notable pour le cancer rectal. Des niveaux élevés en activité physique
auraient un effet globalement protecteur sur l’ensemble des cancers (WCRF/AICR,
1997).
Récemment, plusieurs études
prospectives ont montré que des niveaux élevés en hormones stéroïdes endogènes
à l’entrée dans l’étude, essentiellement œstrogènes et testostérone, étaient
associés à une augmentation du risque du cancer du sein d’un facteur de 3 à 6
(Toniolo et al., 1995 ; Berrino et al., 1996 ; Dorgan et al., 1996), alors
qu’une autre étude a montré qu’un niveau élevé en testostérone augmentait le
risque de cancer de la prostate (Gann et al., 1996). Ces études ont également
montré que des niveaux bas en globuline se liant aux hormones sexuelles (sex-hormone
binding globulin ou SHBG), et donc des taux élevés d’oestradiol biodisponible
non lié à la SHBG, sont également associés avec une augmentation du risque du
cancer du sein. Ce profil endocrinien est en général également associé à
l’obésité et à une hyperinsulinémie chronique, dont il est probablement le
résultat. Le lien entre obésité, mode de vie sédentaire et cancer, en
particulier du sein (Chan et al., 1998), du côlon (Ma et al., 1999), de la
prostate et possiblement d’autres cancers, pourrait donc être assuré par les
métabolismes de l’insuline, de la SHBG et des hormones stéroïdes. Un lien
d’une importance égale pourrait aussi exister entre l’alimentation et le
cancer par le biais du contrôle de la production d’IGF (insulin-like growth
factor) et ses protéines de transport (IGF-BP) . Des études récentes ont
montré que des taux élevés d’IGF1 (ajustés pour les niveaux d’IGFBP3), étaient
de bons prédicteurs du risque de développer un cancer de la prostate (Chan et
al., 1998) et du côlon (Ma et al., 1999). Plus récemment on a trouvé, dans une
large étude de cohorte " New-York women’s health study ", que des taux élevés
en c-peptide, un marqueur sérique de la sécrétion d’insuline, étaient
fortement associés au risque de développer un cancer du côlon (Kaaks et al.,
2000). Les variations dans les niveaux d’œstrogènes, androgènes, IGF et leurs
protéines sont probablement déterminées à la fois par des facteurs
environnementaux et de mode de vie, et par des caractéristiques génétiques,
comme le suggèrent des études récentes sur les polymorphismes de gènes codants
pour des enzymes intervenant dans la régulation du métabolisme des hormones
stéroïdes et de leurs récepteurs.
4.1.2. Principaux sujets de
controverse actuels
Deux domaines de recherche majeurs de ces
dernières décennies en nutrition sont actuellement sujets à controverse. Ils
concernent l’association entre la consommation de graisses et de fibres
alimentaires et le cancer.
Graisses et cancer
Les données épidémiologiques accumulées jusqu’à présent suggèrent une
association positive possible entre une consommation élevée de graisses totales
et les cancers du poumon, côlon et rectum, sein et prostate. Ces résultats sont
cependant pour la plupart controversés. Pour le cancer colorectal, par exemple,
la majorité des études cas-témoin initialement menées observaient un risque
associé à l’augmentation de graisses, mais ces résultats sont contredits par la
plupart des études cas-témoin et de cohorte plus récentes (WCRF/AICR, 1997).
Ceci pourrait s’expliquer, partiellement au moins, par l’introduction de
l’ajustement des apports en graisses en fonction de l’apport énergétique total
dans l’analyse statistique et par l’amélioration des méthodes d’enquêtes
alimentaires utilisées en épidémiologie. Cependant trois études écologiques et
les études expérimentales sur l’animal trouvent une association positive avec la
consommation de graisses totales. La plupart des études de cohorte ne
soutiennent pas l’hypothèse d’une association entre la consommation de graisses
et le cancer du sein. Les études cas-témoin donnent globalement des résultats
plus hétérogènes, avec un risque le plus souvent modeste ou modéré. La majorité
des études cas-témoin et de cohorte menées jusqu’à présent sur le cancer de la
prostate trouvent un risque associé à une consommation élevée de graisses
totales, mais la plupart de ces résultats ne sont pas ajustés pour l’énergie.
Les résultats concernant le cancer du poumon sont plus consistants et montrent
une association positive avec la consommation de graisses totales. Les données
et les évidences sur les cancers de l’ovaire, endomètre et de la vessie sont
encore insuffisantes pour conclure.
Les études qui ont porté sur
l’association entre les fractions ou composants lipidiques (acides gras,
cholestérol) suggèrent une association positive possible entre une consommation
élevée en acides gras saturés et les cancers du poumon, côlon et rectum, sein,
endomètre et prostate. Il existe peu d’évidence scientifique sur un rôle
potentiel des acides gras monoinsaturés dans l’étiologie du cancer. Les études
sur le cancer du sein suggèrent qu’il n’y a probablement pas d’association avec
la consommation en acides gras monoinsaturés, mais également avec les acides
gras polyinsaturés et le cholestérol.
Un certain nombre d’explications
ont été avancées pour expliquer le manque d’évidence scientifique et de
consistance des résultats épidémiologiques sur la relation entre la consommation
de graisses totales et le cancer :
 |
La plupart des études ont été
menées dans les pays industrialisés où la consommation en graisses est
particulièrement élevée par rapport à d’autres régions du monde. Ceci peut
représenter un handicap méthodologique sérieux. En effet, bien que la
consommation en graisses de ces pays soit élevée, elle varie dans une
fourchette relativement étroite. Si la notion quantitative de l’apport en
graisses est déterminante dans l’étiologie du cancer (e.g ration < 20-25%) les
études menées exclusivement dans les pays industrialisés ne disposent pas, à
titre de comparaison, d’un nombre de sujets suffisants à ces taux de
consommation. |
 |
La consommation de graisses et
l’énergie totale sont fortement corrélées, particulièrement dans les pays
industrialisés. Ceci est également vrai entre les viandes et dérivés, produits
laitiers, ou les acides gras saturés, cholestérol, et acides gras trans qui
sont fortement corrélés avec les graisses totales. Le manque d’indépendance
entre ces variables rend l’analyse, l’interprétation des résultats, et
l’identification des facteurs causals particulièrement difficiles. |
 |
Il existe également des
problèmes méthodologiques plus ou moins spécifiques à l’estimation de la
consommation en graisses. Historiquement, les premières études
épidémiologiques utilisaient des questionnaires de fréquence non (ou semi-)
quantitatifs peu adaptés pour mesurer, en particulier, les matières grasses
d’assaisonnement ou de cuisson. Bien que des efforts aient été faits pour
améliorer les questionnaires d’enquête alimentaire utilisés en épidémiologie,
il existe de grandes différences méthodologiques entre les études, en
particulier pour estimer la consommation de graisses. Ce problème est majoré
par une difficulté intrinsèque, pour le sujet, à estimer les quantités de
graisses consommées, et une certaine tendance, à sous-rapporter ces aliments.
|
 |
Tous les résultats disponibles
dans la littérature ne sont pas ajustés pour l’énergie, ce qui pourrait en
partie expliquer l’inconsistance des résultats observés. Cet ajustement a
l’avantage de rendre les données plus comparables, et d’étudier l’association
entre la consommation de graisses et le cancer non plus de façon absolue mais
proportionnelle à l’apport énergétique total. De plus, l’ajustement simule
mieux les conditions des études expérimentales où la composition de la ration
est changée tout en maintenant l’apport énergétique constant. Cependant ces
études sont confrontées au problème qu’une diminution des graisses doit être
compensée, pour conserver un apport isocalorique, par l’augmentation des
autres composants fournisseurs d’énergie comme les hydrates de carbone, et
dans une moindre mesure les protéines, et que ces derniers pourraient
également être associés au cancer. |
Fibres alimentaires et
cancers
Un nombre important d’études à la fois écologiques, expérimentales et
épidémiologiques, en particulier de type cas-témoin, supportent l’idée d’un
effet protecteur des fibres alimentaires/polysaccharides autres que l’amidon sur
les cancers du côlon et du rectum, du pancréas et du sein (WCRF/AICR, 1997,
Meflah et al., 1996). Sur six études cas-témoin qui ont étudié la relation entre
le cancer du pancréas et la consommation de fibres, cinq ont trouvé un effet
protecteur. La presque totalité des études cas-témoin sur le cancer colorectal
qui inclut également une méta-analyse (Howe et al., 1992) suggère un effet
protecteur des fibres. Les évidences sont moins fortes en ce qui concerne le
cancer du sein. Les études qui ont tenu compte de l’origine des fibres ont
montré un effet protecteur plus souvent associé aux fibres de légumes (9 études
sur 13) qu’à celles des céréales (4 études sur 10) ; ceci pourrait cependant
révéler un effet plus lié aux différences existant entre les groupes
alimentaires considérés qu’à des effets variant en fonction de l’origine des
fibres (Meflah et al., 1996).
Les résultats sur l’effet
potentiellement protecteur des fibres sont cependant contredits par certaines
études de cohorte. Sur quatre études de cohorte conduites aux USA, au Japon et à
Hawaï, deux montrent un effet protecteur modeste non significatif ou pas d’effet
du tout des fibres totales ou spécifiques d’un groupe alimentaire, sur le cancer
colorectal (Hirayama et al., 1981 ; Willett et al., 1990 ; Stemmermann et al.,
1984 ; Phillips et Snowdon, 1985). De plus, les études d’intervention
randomisées mises en place pour évaluer l’effet d’une supplémentation en fibres
ou d’une alimentation riche en fibres sur les récidives de polypes colorectaux
ont montré des résultats négatifs ou modérément protecteurs. Deux études (Decosse
et al., 1989, McKeown-Eyssen et al., 1994) n’ont montré aucun effet, ou un effet
modeste sur les récidives, chez des sujets ayant strictement suivi le régime.
Dans une plus grande étude (MCLennan et al., 1995), la supplémentation en son ou
la réduction des graisses alimentaires a conduit à une réduction significative
du nombre de récidives chez les sujets ayant à la fois une alimentation
restreinte en graisses totales et supplémentée en fibres. D’autres études de ce
type sont en cours mais les résultats ne sont pas encore disponibles.
Bien que l’ensemble de ces
données suggèrent un effet probablement protecteur des fibres, on se doit d’être
prudent quant à l’interprétation des résultats. En effet, les fibres
alimentaires constituent un groupe de composants complexes ayant différentes
caractéristiques physico-chimiques qui pourraient également se traduire par des
effets variés sur le processus de cancérogenèse et expliquer en partie
l’incohérence de certains résultats. Différentes méthodes de classification de
fibres alimentaires ont été proposées, mais en partie par un manque de données
disponibles sur la composition des aliments en ces composants (tables de
composition alimentaires), la recherche épidémiologique est limitée dans son
investigation sur les effets spécifiques des différents types de fibres. On
pourrait également expliquer les différents résultats obtenus en particulier
entre les études de type cas-témoin et de cohorte, par d’autres biais possibles.
Les études de corrélation suggèrent que les fibres pourraient n’être qu’un
marqueur d’une faible consommation de viandes, graisses ou énergie, éléments
eux-mêmes fréquemment associés aux cancers prévalents dans les pays développés
(colorectal, sein) ou, au contraire, être les marqueurs d’autres composants
potentiellement protecteurs (vitamines, minéraux) également riches dans les
produits végétaux. Les études expérimentales conduites dans des conditions
contrôlées des ingestats alimentaires ont cependant montré que les fibres
avaient un effet protecteur spécifique indépendamment des apports en graisses.
Il est donc essentiel d’approndir la recherche sur les mécanismes potentiels
d’action des fibres en fonction de leurs types (ex. fibres fermentescibles
versus non fermentescibles), sachant que différents critères de
classification de ces composants sont envisageables, et d’étudier leurs
propriétés préventives ou stimulatrices sur le développement tumoral dans le
cadre d’études expérimentales contrôlées.
Synthèse des informations
sur les facteurs alimentaires et nutritionnels impliqués dans le
déterminisme des cancers
Un certain nombre de facteurs semblent être
associés à un moindre risque de cancer :
- un bon équilibre de la ration
alimentaire caractérisé par une alimentation variée et adaptée aux
besoins nutritionnels, préférentiellement basée sur des aliments d’origine
végétale (légumes, fruits et légumineuses)
- un indice de masse corporel
(Poids/taille2) maintenu entre 18,5 et 25 et le fait d’éviter
une surcharge pondérale en limitant le gain de poids à moins de 5 kg
durant la vie adulte..
- un mode de vie actif correspondant
à un niveau d’activité physique de 1.75 (exprimé sous forme de multiple du
métabolisme basal ). A titre d’exemple, il est recommandé au niveau
individuel, si l’activité physique professionnelle est faible ou modérée,
d’avoir une heure de marche, ou une activité similaire, par jour et une
activité physique vigoureuse d’au moins une heure, par semaine.
- la consommation d’une variété de fruits
et de légumes sur l’ensemble de l’année qui devrait représenter
7% ou plus de l’apport énergétique total (soit entre 400 et 800 grammes ou
au moins cinq portions d’une variété de légumes et fruits par jour) ; des
aliments d’origine végétale riches en amidons et protéines,
préférentiellement peu raffinés (c’est-à-dire riches en fibres) qui
devraient représenter entre 45 et 60% de l’apport énergétique total (soit
entre 600 à 800 grammes, ou plus de 7 portions par jour de céréales,
légumineuses, tubercules, légumes racines). La consommation en produits
transformés industriellement et en sucres raffinés doit être contrôlée.
- la consommation d’alcool n’est pas
recommandée et, chez les consommateurs doit être limitée à moins de 5% de
l’apport énergétique total chez l’homme et à moins de 2.5% chez la femme
(soit à moins de deux verres par jour chez l’homme, et à moins d’un verre
par jour chez la femme).
- la consommation de viandes rouges
doit contribuer à moins de 10% de l’apport énergétique total (soit moins
de 80 grammes par jour), et le poisson, la volaille ou le gibier doivent
être privilégiés. L’utilisation de méthodes de cuisson utilisant des
traitements thermiques drastiques (ex. barbecue, grillades) doit être
limitée.
- La consommation d’aliments salés, de
sel de cuisson et de sel de table doit être limitée.
- L’établissement et le contrôle de la
mise en vigueur des limites de sécurité des additifs, pesticides, résidus,
et autres contaminants chimiques contenus dans les produits alimentaires.
- On considère, jusqu’à présent, que les
recommandations alimentaires faites précédemment pour réduire le risque de
cancer ne devraient nécessiter aucune supplémentation additionnelle sous
forme médicamenteuse. Cependant, les données scientifiques disponibles à
ce jour ne nous permettent pas d’affirmer ou d’infirmer qu’un apport
supplémentaire de vitamines, minéraux ou d’autres composants alimentaires
(ou un mélange d’entre eux), agit sur le développement du cancer.
Plusieurs études d’intervention contrôlées utilisant différents types de
suppléments et à différentes doses, sont actuellement en cours. En
l’absence des résultats suffisants, il est prématuré d’émettre un avis
scientifique sur le rôle potentiel promoteur, protecteur ou sans effet, de
la supplémentation sur la survenue d’un cancer.
|
CONCLUSION
Les études épidémiologique sur la nutrition et le
cancer ont mis en évidence que l’alimentation, les caractéristiques
anthropométriques et l’activité physique jouaient un rôle prépondérant dans
l’étiologie de la plupart des cancers prévalents dans les pays industrialisés. A
l’heure actuelle, les recommandations de santé publique proposent de promouvoir
la consommation de légumes et fruits, conseillent une consommation modérée en
particulier de viandes (rouges) et de produits salés ou conservés par salaison,
et une activité physique suffisante pour maintenir un poids corporel idéal.
Un avis autorisé sur le régime Seignalet, prôné par
Henri Joyeux
"Ce livre très
documenté, réellement scientifique, est à la
portée de tous ceux
qui réfléchissent à la médecine du troisième
millénaire, sans avoir « le nez collé sur la
vitre » de leur
spécialiste
ou sur le dernier magazine grand public qui
cherche à racoler des lecteurs en leur faisant
croire que
demain la science résoudra
tous les problèmes. (...)
Merci au docteur
Jean Seignalet pour ce livre exceptionnel,
fruit d'une grande
expérience et de réflexions scientifiques
aussi audacieuses
que cohérentes. "
(Henri Joyeux - préface du livre
de Seignalet)
Le régime Seignalet : qu’en penser ?
Il
est des régimes comme des modes, ils naissent, fleurissent et passent.
Pour l’instant le régime Seignalet est en pleine floraison. Décliné dans
une bible de 582 pages (bibliographie abondante comprise), il fait le
bonheur des libraires ( car le livre se vend bien ! ) et de nombreux et
divers malades puisque à l’inverse des autres régimes souvent
spécialisés, il est « multi-usages ». Il commence sur une évidence :
Notre façon de manger influence notre santé. Si vous n’y croyez
pas, consommez cent grammes d'amanites phalloïdes… Suivent des
propositions diététiques idéales centrées sur un retour à une nutrition
de type ancestral (sic) .
Les principes fondamentaux en sont les suivants : exclusion des
céréales (sauf le riz et le sarrasin) , exclusion des laits animaux et
de leurs dérivés, consommation de beaucoup de produits crus, utilisation
d’huiles vierges, préférence, chaque fois que possible, pour les
produits biologiques. Premier fait
unique et remarquable, ce régime peut être appliqué avec succès à des
dizaines de maladies, allant de la polyarthrite rhumatoïde aux cancers
et leucémies en passant par la spondylarthrite ankylosante, les maladies
auto-immunes de la sphère rhumatologique, les maladies auto-immunes
thyroïdiennes, la sclérose en plaque, l’hépatite chronique active, la
myasthénie, les tendinites, l’ostéoporose, les céphalées, la psychose
maniaco-dépressive, la schizophrénie, la dépression nerveuses endogène,
la maladie de Parkinson, d’Alzheimer, les céphalées, le diabète, les
colopathies fonctionnelles et colites (RCH et maladie de Crohn), l’acné,
l’urticaire, l’eczéma, le psoriasis, l’asthme, la bronchite etc. OUF !
Toutes ne sont pas citées ici par manque de place ! En fait, il vaudrait
mieux recenser les maladies qui ne relèvent pas de ce régime.
Encrassage
cellulaire
Mais quel est donc le secret
de ce fameux régime ? Il repose essentiellement sur la théorie de
l’encrassage cellulaire. Oui, vous avez bien lu ENCRASSAGE. Ce mot
pourrait à la rigueur être présenté comme un terme de vulgarisation mais
de fait il est incorporé dans une théorie pseudo-scientifique qui fait
appel à des « notions essentielles » sur la physiologie
cellulaire, l’immunologie, la génétique, et l’environnement. Comme dans
un énorme sandwich, le livre fait alterner plusieurs couches successives
de rappels fondamentaux ( très impressionnants) et de chapitres de
pathologies diverses et variées où l’imagination débridée de l’auteur
s’envole dans des développements fumeux et non démontrés. Ici il n’y a
aucune étude contrôlée, une simple affirmation, une observation
quasi-miraculeuse ou des exemples édifiants permettent de conclure à
l’efficacité de la méthode, pardon du régime…
On peut hélas comprendre que devant des
maladies chroniques n’ayant que des traitements palliatifs et souvent
des réponses incomplètes, de nombreux malades désespérés se tournent
vers ce nouvel abord diététique, renforcé en général par des compléments
vitaminiques et nutritionnels autres, à acheter bien évidemment. On peut
aussi admettre que le lecteur soit impressionné par la science renfermée
dans ce livre « bible » qui est en fait un mélange d’un polycopié pour
étudiants en médecine du XXI e siècle et d’un bréviaire thérapeutique du
XIXe siècle. Il est difficile d’accepter et de recommander une méthode
diététique ne reposant que sur les interprétations fumeuses de notions
théoriques interprétées « librement » et sans aucune réelle
démonstration. sources :
http://afa.asso.fr/divers/Seignalet.htm
|

| |
eMiseeeeneee
eeegardeee:
-----
*
comme souvent avec ce genre d'individu, tout le discours n'est pas à rejeter :
* les auteurs ne
contestent pas qu'il est souhaitable de manger davantage de fruits et de légumes
et de ne pas se bourrer de confiseries ou de graisses
* Tout le monde
s'accorde aussi pour affirmer qu'une alimentation saine est nécessaire pour
rester en bonne santé.
* Ce sur quoi les
vrais experts s'entendent
|